
Brut, Konbini & co : les médias de la jouissance captée
On les présente comme des lieux de parole, d’expression, d’accès à l’intime.
Brut, Konbini, Kombucha, Neon, et tous leurs avatars — ces médias ultra-visuels, ultra-formatés — sont les vitrines d’une époque saturée de communication.
Mais que proposent-ils vraiment ? Et que font-ils au sujet qui parle ?
Ils semblent donner la parole.
Mais ce qu’ils organisent, en réalité, c’est une mise en image de la parole, une captation de sa charge affective, un encadrement de sa réception. Ils ne visent pas l’émergence du sujet, mais la performance d’une sincérité partageable, calibrée pour l’empathie, la reconnaissance, l’identification.
Une jouissance en boucle
La subjectivité qui apparaît ici n’est pas divisée, traversée, conflictuelle.
C’est une subjectivité image, offerte à la consommation :
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une parole découpée, montée, stylisée ;
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un regard dirigé ;
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un affect visible, mais toujours lisible.
Ces médias ne donnent pas la parole — ils la mettent en scène.
Et ce qui circule là, c’est de la jouissance collective : voir, ressentir, partager, s’émouvoir… et passer à autre chose.
Le symptôme ? Coupé. Le transfert ? Incompatible.
Ce type de format ne supporte pas l’ambiguïté, ni l’échec de la communication, ni l’inconfort du silence.
Il veut de la clarté, du message, de l’impact.
Or, le discours psychanalytique — ou tout simplement le réel de la subjectivité — ne rentre pas dans ce moule.
Des psy y sont parfois invités, oui.
Mais ils doivent se plier à l’économie du flux, à la forme visuelle rapide, à la réduction du symptôme en “message utile”.
Ce n’est plus l’écoute, c’est le montage qui fait l’effet.
Et Tokyo Santé, dans tout ça ?
Tokyo Santé ne s’oppose pas frontalement à ces formats. Il les observe, les analyse, les détourne. Ce blog n’est pas un lieu neutre, mais un dispositif de subjectivation critique. Il mêle analyse, fiction, satire, introspection et détournement visuel — non pas pour produire un « message », mais pour faire exister des positions discursives minorées, décalées, non rentables.
Ce n’est pas un plateau télé imaginaire : c’est un espace discursif ouvert, traversé par le symptôme, le doute, le style. Et c’est justement parce qu’il ne capte pas la jouissance qu’il peut laisser place à ce qui parle vraiment.
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