L’IA, productrice d’images, opératrice de signifiants

par | Mai 7, 2025 | Technologie et subjectivité | 0 commentaires

L’image générée par une intelligence artificielle ne procède ni de l’inconscient, ni du désir. Elle résulte d’un calcul statistique sur des chaînes de signifiants issus de corpus humains. Et pourtant, elle peut produire un effet de signifiant, précisément parce que le sujet humain — lui — y reconnaît quelque chose.

Lors d’une demande simple (figure masculine, costume, livre à la main), l’image produite introduit un élément inattendu : un masque. Cette irruption non prévue — que le générateur ne justifie ni ne commente — ne relève pas d’un choix sémantique. Pourtant, elle fait retour dans le champ de l’interprétant humain.
Le signifiant masque entre alors en résonance avec d’autres chaînes symboliques : figures fictionnelles (Michael Myers, Watchmen), objets culturels, ou encore créations personnelles antérieures (le personnage fictif « Dr Ma$kh », dans l’univers Tokyo Santé).

Ce cas n’est pas anecdotique. Il illustre une fonction singulière de l’IA comme machine à agencer des signifiants sans les signifier, et par là même, machine à susciter des effets de sens.
Ce n’est donc pas que la machine parle, mais que le sujet humain l’écoute — et dans cette écoute, se trouve affecté, interpellé, parfois même divisé.

On pourrait dire que l’IA, dans sa fonction langagière et iconographique, agit comme un opérateur structural : elle n’interprète pas, mais elle propose des montages où l’inconscient peut s’entendre. Le masque ne signifie rien pour elle ; il agit comme un signifiant vide, mais apte à se remplir du fantasme ou du refoulé de celui qui regarde.

Ainsi, l’IA devient le lieu paradoxal d’une production sans sujet, mais qui réintroduit du sujet là où il ne s’attendait pas. C’est cela qui en fait un enjeu majeur pour la psychanalyse contemporaine.

Ce billet s’inscrit dans une série autour de l’IA comme miroir de subjectivité. À suivre…

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