
Épisode 2 : Tarif à la tête du patient™ : bienvenue chez k.k.Rocheteau, l’ostéopathe des riches
Chers lecteurs douloureux,
L’ostéopathie tokyoïte monte en gamme. Autrefois, pour 12,000¥, on vous tordait les vertèbres avec le sourire. Avec 18,000¥, c’était luxe, mutuelle et huile essentielle. Mais tout ça, c’était avant l’Inflation Thérapeutique™.
PS : Pour une lecture plus clinique de cette structure, Prof. Santé™ a récemment publié une analyse ici.

« Offre valable sur présentation de votre symptôme. Conditions générales non disponibles. Offre non cumulable avec une alliance thérapeutique. Symptôme unique par séance. »
Pour les retardataires de la saga, petit rappel utile : “K.K.” n’est pas une lubie typographique. C’est l’abréviation de Kabushiki Kaisha, le statut japonais équivalent d’une société par actions. Autrement dit, quand tu rentres dans ce cabinet, ce n’est pas ton dos qu’on redresse, c’est le modèle économique du soin.
Ici, tout est calibré. Les tarifs ne sont pas posés, ils sont projetés comme dans un terminal d’aéroport :
14,000¥ si tu es en classe économique (sans assurance internationale),
20,000¥ pour la business class des symptomatiques bien couverts.
Pas compris ? → On t’enverra la note plus tard.
Le mantra de la maison :
« À chaque remboursement son supplément. »
Désormais, plus tu peux être remboursé, plus tu es rentable. Un soin à deux vitesses ? Non : un algorithme sur table de massage. L’assurance devient une balise GPS pour calculer le tarif optimal d’exploitation douce.
L’anamnèse ? Accessoire. Le paiement ? Central. Et si tu règles par carte bancaire, un supplément de 3,5 % s’ajoute à la séance. Le toucher est peut-être thérapeutique, mais il est surtout transactionnel. La douleur est partagée, pas les frais. Il ne touche plus — il facture. Et parfois, il facture ce qu’il touche.
Heureusement, Google™ est là pour panser les doutes. Cinq étoiles, des commentaires émus, des évaluations lissées : c’est la clinique du like, l’algorithme à la place du lien thérapeutique. À Tokyo, même le symptôme a droit à son avis public.
J’espère juste qu’il a bien lu les conditions de la CFE. Parce que dans cette clinique, le symptôme est remboursé — mais à taux variable.
C’est ici que le soin devient noté, uploadé, marketé. Bienvenue sur Google™ Thérapeutique. « Recommandé par 99% des symptômes. Approuvé par le capitalisme thérapeutique. »

Image parodique – Ceci n’est pas une capture réelle de Google. Toute ressemblance est volontairement satirique.
Monsieur K.K. Rocheteau (ou Brandingus Maximus pour les intimes) ne soigne plus les corps — il facture des potentiels de remboursement. Et s’il t’appuie sur le ventre, ce n’est pas pour relâcher une tension : c’est pour écouter ton portefeuille. Prochaine étape ? Le symptôme à la carte, directement commandable en ligne. Avec option “détresse en express”.
Par Dr Ma$kh
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