Tokyo Santé : un symptôme numérique

Peut-on encore créer sans être capturé ? Peut-on encore écrire sans être intégré à la machinerie du contenu ? Peut-on inventer un style, une parole, une forme de discours — à l’intérieur même de l’époque qui programme nos usages, nos récits, nos liens ?
Tokyo Santé n’est pas un simple blog. C’est une forme symptomatique née de la rencontre entre le malaise dans la civilisation et les dispositifs technologiques contemporains.
Ce blog n’est pas un simple site ou journal. Il est une invention subjective à l’intérieur même du réseau. Il n’a de sens qu’à travers l’infrastructure qui le rend possible : plateformes, IA générative, culture visuelle algorithmique, écriture fragmentée, circulation par liens, pseudonymat. Il est une tentative de faire trace autrement, dans un espace saturé de formes standardisées.
Mais surtout, Tokyo Santé surgit comme un reste : un point de résistance dans un système qui prétend tout optimiser, tout lisser, tout quantifier. Là où les discours dominants — de la santé connectée, de la parentalité bienveillante, de l’éducation managériale — imposent leurs standards de jouissance, Tokyo Santé se propose comme un ratage structurant. Un ratage volontaire. Une machine de travers.

C’est pourquoi il faut le lire non comme un produit, mais comme un symptôme technologique :
– parce qu’il se forme dans les plis du capitalisme numérique,
– parce qu’il en épouse certaines formes tout en les retournant,
– parce qu’il résiste à la logique de transparence, de visibilité, de rentabilité.
Ce symptôme numérique n’est pas une solution. C’est un montage : précaire, critique, ironique.
Il ne résout rien.
Mais il fait exister une autre manière de parler dans la machine.