« Le rêve est la voie royale vers l’inconscient » – Freud

Avant d’écrire, j’ai rêvé. Un rêve souterrain, un peu drôle, un peu obscène, venu après une séance qui m’avait laissé en suspens. Il ne m’a pas donné d’idée, mais une place : celle de celui qui regarde, qui choisit ce qu’il montre — et ce qu’il laisse dans l’ombre.

Un rêve inaugural : le photomaton

(Ou comment Tokyo Santé est né en souterrain)

Avant d’écrire quoi que ce soit ici sur ce blog, j’ai rêvé.
Un rêve étonnant, comique, symbolique. Il m’a réveillé.
Il m’a fait rire et surpris à la fois.
Et surtout, il m’a parlé : pas comme un message, mais comme une mise en scène de ce qui cherche à se dire, malgré moi.

 Le rêve

« Je suis dans un parking souterrain. Je fais la queue devant un photomaton.
Une femme est déjà à l’intérieur. Elle est nue.
Elle veut que je l’aide à prendre la photo, en appuyant sur le bouton. Elle se place de profil.
Elle a de petits seins, semble complexée, elle hésite, reprend la pose.

Derrière moi, Mathieu Madenian attend son tour.
Il aperçoit la scène. Et forcément, il sort une blague :
« Il a niqué. Il nique. Ça se nique, ça. »

La femme entend. Elle est vexée.
Je lui dis : tant pis, il attendra.
C’est moi qui suis avec elle dans ce moment d’exposition. »

 Ce qui m’est venu après — associations

– Le photomaton, c’est mon blog.
Un lieu de capture, de visibilité, mais aussi de contrôle de l’image. C’est moi qui appuie sur le bouton.

– La femme nue ? Ce n’est pas une seule.
C’est un condensé de trois professionnelles de santé à Tokyo : psy, sage-femme, autres.
Des femmes croisées ou observées, qui incarnent un rapport ambivalent au pouvoir, à l’image, à la séduction, à la parole.
Je les sens malicieuses. Parfois manipulatrices. Je vais écrire sur elles.

– Madenian, lui aussi condensé.
Peut-être plusieurs humoristes en un.
Figure du stand-up, de l’humour frontal, qui déborde, objectifie parfois.
Et peut-être aussi… une part de moi. Celle qui veut dire avec ironie, mais sans s’aveugler.

– Le parking souterrain, c’est l’inconscient.
Un lieu de dépôt, d’émergence, de décision obscure.
C’est là que le projet du blog a pris racine, avant toute intention consciente.

 

Interpréter sans clore

Ce rêve m’a travaillé.
Il m’a désigné une place : celle de celui qui n’exhibe pas, mais choisit ce qui peut être montré.
C’est une position délicate : entre la satire et l’éthique, entre dénoncer et exposer, sans jouir du dévoilement.

Le photomaton devient alors la métaphore du blog :
Un lieu d’enregistrement, de regard, mais aussi de style.
Ce que je montre, ce n’est pas l’image nue, mais ce qui résiste à la capture, ce qui déborde, ce qui glisse.

Et cette phrase dans le rêve —

« Il a niqué. Il nique. Ça se nique, ça. »
— devient plus qu’un mot d’humoriste.
Elle résonne comme une métaphore sauvage du néolibéralisme :
Ce qui prend, use, transforme tout en marchandise. Corps, soin, image, parole.

 

Tokyo Santé, un lieu d’énonciation

Je ne veux pas faire un blog de plus.
Je veux faire un lieu où l’on entend encore quelque chose de l’inconscient.
Un espace entre le rire et le réel.
Où les voix du champ psy peuvent résonner, où les mots peuvent rendre le malaise pensable, plutôt que l’anesthésier.

Tokyo Santé est né comme ça. Non pas d’une décision. Mais d’un rêve.
Et d’un désir de dire — autrement.

Le patient